Les pages qui tournent, introduction par Frédérique
Pour mes premiers ateliers d'écriture, il y a quinze ans, j'avais inventé l'acrostiche avant de m'apercevoir qu'il avait déjà été imaginé des siècles plus tôt, ensuite j'ai proposé aux participants de dresser une liste de leurs souvenirs commençant par "je me souviens" avant de réaliser que Perec s'y était déjà mis... J'ai alors décidé de m'intéresser à ce qui avait déjà était fait pour devenir moi aussi une continuatrice. Je n'ai donc pas réinventé "le cadavre exquis" des surréalistes mais il est devenu notre "macchabé délicieux" et la feuille qui tournait chez eux quelques minutes pour qu'en naisse une phrase est devenue le rituel collectif de notre atelier que tous réclament (à mon grand étonnement) et qui nous prend au minimum une heure à chaque fois. La consigne est de prolonger les phrases des précédents ou de les transformer. Tous nos styles s'y mêlent mais le grand jeu est de s'appliquer à marcher en sympathie dans la trace écrite de notre prédécesseur. Sur la page où nous jouons tantôt avec le sens, tantôt avec le son, nous nous accordons parfois à l'écriture d'un récit. Une fois que chaque page a fait un tour de table complet avant de revenir à son auteur initial, la lecture à une seule voix de ces phrases mises bout à bout donne une homogénéité au texte. Alors, chacun est heureux de retrouver ses propres phrases dans le grand magma collectif et tout aussi heureux de découvrir comment l'imaginaire des autres a prolongé son idée dans des univers qu'il n'aurait pas su inventer seul...
Frédérique
Le goût des mots
Il y a des choses à saupoudrer comme un gâteau d’anniversaire.
Il y a des choses à saupoudrer comme tes phrases quand tu écris.
Il y a des choses à saupoudrer comme la pluie de l’hiver de quelques rayons de soleil venus de l’été.
Il y a des choses à saupoudrer de quelques...
Il y a le jour du ménage de la cage d’escalier : réveil en crécelle, chariot de la lessiveuse
Il y a le jour, il y a la nuit
Il y a le jour ou la nuit on avance ou on recule d’une heure
Il y a le jour où on ne sait plus l’heure qu’il est
Il ya le jour du printemps où on...
Le jour où on met le réveil, mais plus tard
Le jour où on y croit, alors on passe des heures devant un écran
Le jour où on ne voudrait surtout pas être ailleurs
Le jour où c’est comme tous les jours
Le jour de la piscine – elle va se coucher tard, le lendemain sera le jour où elle sera de mauvais...
Tempête
Papier glacé couleur banquise, comme un iceberg où mes mots comme des vagues viennent se heurter. Eviter le naufrage de la pointe Bic comme le Titanic.
Une solution pour éviter le naufrage, mettre la pointe droit devant, nez au vent, et se laisser confiant face aux déferlantes, affronter la...
Mouvement
La ville
ça curiosité ça éveille ça balance ça changement ça brinqueballe ça culture ça mélange ça bancale
ça vibrionne ça tourbillonne de Bretagne ça décapsule ça entrame ça bussiclote ça bicloote ça...