2017 Description d'objets
1) À propos de l'objet de Joëlle : C'est une tradition familiale que de fixer, au-dessus de chaque tête de lit, un objet religieux : simple croix, crucifix aux attributs peu joyeux, crucifié agonisant ou plus naïvement anges et angelots. Il se voudrait protecteur, pour le dormeur du lieu, mais plus vraisemblablement pour les parents avant tout. Vu mon jeune âge, je suppose, je n'ai qu'un buste d'ange. De mon point de vue, il est étrange et un peu difforme. Sa tête penchée en avant, comme s'il allait me cracher dessus, pour plaquer ses ailes et sa chevelure ondulée contre le support blanc qui le suspend au mur. À chaque coucher, après la rituelle prière récitée en sa direction, je redoute sa chute nocturne. Au matin, les lueurs ensoleillées me réveillent. Mon esprit sorti des nimbes nocturnes, je m'effraie à la vue de cette tête géante occupant la moitié du plafond ! Comme l'ombre du rapace repérant sa proie, je comprends que c'est mon ange du soir qui se projette ainsi, porté par les rayons du soleil réfléchis sur le miroir de mon armoire. Vraiment, je pense que cette vision enfantine a nourri ma quête éperdue de laïcité !
Jean François
2) À propos de l'objet de Jean Fançois - écriture de Camille :
Une longue planche de bois, verticale, d'un marron sombre, fait illusion sur la nature de ce bois. En partie supérieure, à plusieurs centimètres du bord, une bande donne un relief travaillé, telle une corniche de temple antique. D'une épaisseur suffisante, ce support en bois compact sert d'écrin à un bijou de la science. Une longue tubulure étroite, en verre, court sur tout l'espace plan ainsi offert. En partie basse, une courbure prononcée accompagne le retournement de direction, semblable à une canne que la Terre viendrait poser sur les cieux immatériels. À l'intérieur brille un serpent argenté de mercure. Métal aux pouvoirs surprenants, liquide à température ambiante, aux surfaces libres et bombées et prêtes à perler. Pour contraster l'ensemble, une fine plaque dorée, écaillée de graduations multiples, s'immisce entre le verre et le bois, invitant à la lecture. Ainsi se dresse le baromètre selon Torricelli.
Camille
Blanc à l’origine, ce petit objet a connu son heure de gloire à l’époque des mines et des bois. L’arrivée massive de l’encre, des billes, et à présent du numérique, l’a un peu relégué au fond de la trousse. Souvent blotti dans une armure de carton plastifié ou de plastique coloré, son corps est immaculé. Ou tout au moins, avant que les mains encrassées de l’écolier ne l’aient manipulé de nombreuses fois. Et quel paradoxe que de le voir blanchir de nouveau au cours de son utilisation normale : c’est en s’usant qu’il devient efficient. Animé par des va-et-vient vigoureux, souvent rageurs, il arrondit ses angles en générant de petits copeaux, à la texture particulière : la gomme a produit son effet magique, en effaçant les traces erronées de l’écolier distrait.
Jean-François P.