Une ville en forme, par Frédérique

C’est une ville en forme.
Elle a
un éléphant en toc et des dos d’âne en propre.
Les rivières sont comblées, les nids de poule aussi.
La Loire se navigue à sec, dans son lit de bitume
Quand l’éléphant barrit, on freine sur les dos d’âne.
 
Au milieu, une île en forme d’aubergine, autour une rocade ronde de véhicules processionnaires.
Au cœur de la ville, des magasins en forme. Elle est belle la crise ! Les voitures sont serrées et les prix sont lâchés.
 
Le flux gris des voitures, les flots bruns du long fleuve, les flancs blancs du tramway, s’exhibent aux passants.
 
La flotte se fait crachin, la flaque est tradition, les parapluies sont gris.
On dit qu’il pleut sur Nantes.
C’est chez nous, c’est à nous, oui, mais, …
Nous râlons en marchant, nous marchons en râlant.
Car on l’aime sa ville à chaque expiration on s’inspire du vent d’Ouest qui balaye au loin toutes les senteurs malsaines.
Non ! nous n’avons pas été enfants des négriers !
Nous marchons sur le quai où Lola a marché.
 
L’histoire est bien à quai, les corsaires statufiés, les marins sont partis, ne restent que les mouettes qui s’écrient en passant.
Les grimaces des mascarons flottent sur les sables mouvants d’une Loire encrassée de ses industries d’hommes.
Le voyage à Nantes c’est que nous ne sommes pas enfants des négriers : c’est pas nous, c’est les autres qui achètent les roses du Kenya et que les Roumains fâchent.
Et nous longeons toujours ce quai où Lola marche.
à chaque expiration on s’inspire du vent d’Ouest.
et les mouettes se marrent.

 

Frédérique