Nantes en 1910…, Tonja M.

Ici, les maisons ont les pieds dans l’eau.

De l’autre côté du fleuve, le soleil domine.

 

Ici, il a plu durant des jours et des jours.

De l’autre côté du fleuve, il fait bon vivre.

 

Ici, le cocher est grognon, ses chevaux ont les pattes dans l’eau, ils risquent de tomber malades. Peur de perdre son travail.

De l’autre côté du fleuve, les vaches font la sieste paisiblement sous le regard joyeux de Clément.

 

Ici, c’est une inondation qui va marquer les esprits.

De l’autre côté du fleuve, le temps s’écoule sans fin.

 

1910, année maudite !

De l’autre côté du fleuve, on est déjà chez les zazous en 1930.

 

Ici, les commerces ferment, tout est abîmé, bon à jeter !

De l’autre côté du fleuve, les industries du rêve prospèrent.

 

Ici, c’est la Venise triste qui déprime.

De l’autre côté du fleuve, c’est le carnaval de Venise : loups et robes chatouillantes.

 

Ici, Lu a mis en chômage partiel une partie de ses salariés.

De l’autre côté du fleuve, c’est Chanel qui distribue parfums et bijoux.

 

Ici, le ciel de plomb domine.

De l’autre côté du fleuve, le soleil resplendit.

 

Ici, tout le monde observe le photographe assez fou pour immortaliser ce moment de désolation.

De l’autre côté du fleuve, tout le monde sourit.

 

Ici, je ne reviendrai plus, marre d’avoir les pieds dans l’eau !

De l’autre côté du fleuve, je me réfugie !

 

 

Tonja M.