Compte-rendu préliminaire par Noémie, céramologue

Société archéologique de Loire-Atlantique

Compte-rendu préliminaire de la troisième mission archéologique

Site d’IKEA – probable capitale de la cité perdue d’Atlantide

 

 

Cette troisième mission, dirigée par Frédérique Soulard (groupe de recherche en mots écumés), s’est déroulée le 21 janvier 2014 de 19h15 à 21h.

On relatera ici les découvertes effectuées par Noémie P., céramologue.

    

Ont également participé à cette mission :

Cécile B. : paléolithicienne

Chantal D. : tracéologue (spécialiste des traces et des strates)

Maléna G. : archéozoologue (spécialiste de l’étude des os des animaux)

Natacha G. : paléontologue

Janine J. : paléolithicienne

Cécile L. : archéozoologue

Tonja M. : palynologue (spécialiste de l’étude des pollens trouvés dans les carottages effectués lors des fouilles)

Frédérique S. : chef de projet

Sylvie S. : harmoniologue (spécialiste de l’étude des harmonies sonores, des sons et des bruits divers)

Yves S. : archéozoologue

Georges T. : cryptologue (spécialiste du sens caché des choses)

Marie-Annick U. : carpologue (spécialiste des graines trouvées dans les échantillons de terre)

Maël W. : archéologue

 
 

Conditions dans lesquelles s’est réalisée la fouille

La fouille a eu lieu le 21 janvier 2014, de nuit. Les chefs du projet, comme à leur habitude, n’ont pas cherché à ménager le petit peuple chercheur. Nous avons travaillé de nuit, sans nourriture, et en solitaire. D’ailleurs, certains d’entre nous se sont perdus dans les méandres des allées poussiéreuses d’IKEA, et se sont évanouis avant que nous puissions nous sustenter.

Pour preuve des conditions précaires dans lesquelles nous avons travaillé, notre demande, restée lettre morte pendant plusieurs jours, pour obtenir une pièce supplémentaire afin de garantir notre intimité. Depuis le début des fouilles, notre campement se réduisait à une seule pièce de toile tendue, servant à la fois au repos, à l’épilation de nos mollets, à la dégustation de hot-dog à 1 euro et à la lecture du Colonel Chabert. Notre responsable a enfin accepté de faire travailler des artisans locaux pour que nous ayons une pièce supplémentaire, mais pour montrer sa colère contre notre prise de position, il a fait afficher un panneau rageur dont vous avez ici la substantifique moelle : Bientôt un nouvel espace… Quelle ignominie !

 

 

Lieu de fouille 

 

La fouille a eu lieu sur l’emplacement du site dit d’IKEA, emplacement probable de la capitale de l’Atlantide. Ce site de 13 000 m2, découvert par un groupe Suédois au début des années 2000, ne cesse d’être arpenté par des touristes depuis la mise au jour du site. Exceptionnellement lors de la fouille relatée ici, seuls quelques autochtones très clairement identifiés par le port d’une carte de couleur bleue ont eu l’autorisation de parcourir les allées.

La lumière est artificielle puisque le site d’IKEA est désormais recouvert d’un immense toit de tôle afin de préserver les vestiges de la cité.

Le site d’IKEA est composé de 2 strates, clairement identifiées comme deux époques distinctes de l’hégémonie d’IKEA : la strate supérieure, appelée également SHOWROOM, la plus récente, est celle de l’hégémonie culturelle d’IKEA. Les objets y étaient mis en scène, présentés et soignés avec soin. La strate inférieure, le MARCHE, est celle de l’hégémonie commerciale d’IKEA : les objets y étaient entreposés afin de donner envie aux peuples voisins de venir à IKEA dépenser tout leur argent.

 

 

 

Hypothèses concernant la société Ikéenne, au regard de la fouille effectuée le 21 janvier 2014

La société Ikéenne est particulièrement bien hiérarchisée. Les Trois Ordres classiques, propres à toute civilisation avancée, y sont représentés : la Noblesse et le Clergé se partagent la grosse majorité des richesses, et le Tiers-Etat patauge dans la fange.

Les 2 ordres riches ont une vaisselle ornée, peinte, abondante. On la voit solide, fine, décorée. Au contraire le Tiers-Etat se partage une vaisselle certes solide, mais standardisée, monochrome, empilable, réalisée à la chaîne dans des usines.

La fracture entre ces deux mondes est nette pour ce qui est de la vie quotidienne. On devine cette rigidité des 3 ordres dans l’Art ikéen, qui ne laisse aucune place à la fantaisie. Nous avons choisi le nom d’Art Rigide pour caractériser ce courant artistique.

Pourtant, les Trois Ordres semblent partager leurs croyances et leurs divinités, auxquelles ils vouent un culte quasi permanent.

Leur dieu principal s’appelle Luminis-Frikis (à ce propos voir l’excellente thèse de doctorat de Maryse M., Causette, le chaînon manquant de l’alphabet Ikéen, qui a pu grâce à la pierre de Causette décrypter l’alphabet pucéiforme des Ikéens). Luminis-Frikis est représenté par un verre réfléchissant. Plus le propriétaire de l’objet est riche et puissant, plus le nombre de facettes réfléchissantes est important.

Quoi qu’il en soit, le nombre 3 revient sans relâche dans le culte à Luminis-Frikis : soit dans les bras qui l’entourent, soit dans le nombre même des facettes réfléchissantes. Ce nombre représente la sainte trilogie des croyants Ikéens : l’argent, la chance et la justice. On constate néanmoins que la majorité des sculptures de Luminis-Frikis sont dédiées soit à la chance, soit à l’argent. La justice est souvent tournée vers le sol, ou éloignée de la divinité.

L’importance de la chance est prééminente dans la culture Ikéenne. Cela peut s’entendre quand on sait qu’un volcan produisait des éruptions à rythme régulier, engloutissant tout sur son passage. Seule la chance pouvait prémunir des générations entières contre les cendres ardentes du volcan. Grâce à ces cendres, on a pu conserver des échantillons de flore, et bien que le climat fut tempéré et océanique, les Ikéens semblaient être doués pour faire pousser des plantes tropicales n’importe où, comme le prouvent les graines de vanille prisonnières des cendres du volcan.

Les Ikéens croient tous également au Grand Insecte. Ce mythe, qui les effraie, n’est qu’exceptionnellement représenté. Le Grand Insecte devait, selon la légende, ôter la Pierre Noire et libérer de ce fait le Grand Tourbillon, qui submergerait la cité d’IKEA. Nous émettons l’hypothèse plausible que ce mythe est devenu réalité : la submersion, inexpliquée à ce jour de la cité d’IKEA, est parfaitement compréhensible si l’on suit à la lettre le mythe du Grand Insecte.

En bref, le peuple Ikéen est traversé d’un grand paradoxe : très rationnel et organisé (on pense aux usines ou à son Art Rigide), il se met pourtant entièrement entre les mains de la chance, du Destin pourrait-on dire, à travers le culte voué à Luminis-Frikis.

Tout tend à prouver que le Destin a pris le pas sur l’organisation, puisque le Grand Insecte a eu raison de l’étonnante société Ikéenne, en enlevant la Pierre Noire et en provoquant la Grande Submersion.

 

 

 

Annexes : Objets observés lors de la fouille du site d’IKEA

 

 

Objet référencé numéro 251-B / strate supérieure / emplacement V-423

Différentes strates de verroterie, séparées par des couches sédimentaires ligneuses.

Etonnante odeur, mélange de vanille et de fleurs.

Hypothèses : un vanillier a poussé, les gousses de vanille se sont retrouvées prisonnières du sédiment. On peut imaginer une éruption volcanique régulière, avec des cendres projetées qui emprisonnent les grains de vanille.

La régularité des éruptions est surprenante, mais expliquerait le relativement bon état de la verroterie.

En accord avec le carpologue et le palynologue, cette hypothèse est crédible, et accréditerait la dévotion exceptionnelle au bras « Chance » de la divinité Luminis-Frikis.

 
 

 


Objet référencé numéro 325-A / strate supérieure / emplacement K-28

Sculpture en céramique / verre / acier, dénotant un certain degré de civilisation.

10 pots de céramique sur les deux étages inférieurs, de couleur blanche.

Hypothèses : les 10 pots de céramique symboliseraient les 10 doigts de la main, très importants dans la philosophie Ikéenne. Ils seraient symbole de chance (3ème bras de Luminis-Frikis).

On peut imaginer que cette sculpture est une offrande à Luminis-Frikis, pour demander chance et prospérité.

 

Objet référencé numéro 95-L / strate inférieure / emplacement G-3

Système en céramique et métal, accroché en hauteur sur un mur encore debout à l’aide de chevilles métalliques.

Hypothèses : l’objet servirait à s’abriter du soleil en été, et de la pluie en hiver. Cela semble corroborer l’hypothèse d’un climat tempéré océanique, similaire au nôtre.

 
 

Objet référencé numéro 143-H / strate supérieure / emplacement F-56

EXCEPTIONNEL

Boule en tessons de verre réfléchissants, sur laquelle sont accrochés 3 bras métalliques articulés.

Hypothèses : représentation rarissime de la divinité Luminis-Frikis. Elle est dotée de 3 bras : un pour la chance, l’autre pour l’argent, le dernier pour la justice.

Suivant la place de chacun des bras (que l’on peut rapprocher ou éloigner), les prières adressées à Luminis-Frikis sont plus ou moins claires.

Ici, le 3ème bras, celui de la chance, est le plus proche de la boule.

 
 

Objet référencé numéro 51-M / strate inférieure / emplacement A-9

Matériau inconnu, très coloré. Objets accrochés très régulièrement sur un mur encore debout. Chacun d’entre eux semble être une représentation stylisée de la vaisselle du Tiers-Etat.

Hypothèses : art contemporain de l’époque Ikéenne.

Grande rigidité évidente : régularité maladive des différents objets.

La grande importance accordée à la représentation des ustensiles de vaisselle laisse penser qu’il existe un dieu de la nourriture, encore inconnu à ce jour.

Les objets sont très colorés. L’origine des colorants reste inconnue.

 

Objets référencés numéros 115-M et 86-H / strate inférieure / emplacement A-1

Empilement de céramiques identiques colorées, séparées par des couches sédimentaires ligneuses.

Hypothèses : la disposition des céramiques en différentes couches séparées par la cendre fait penser à la verroterie (cf supra - Objet référencé numéro 251-B / strate supérieure / emplacement V-423).

Encore le volcan à éruptions régulières visiblement.

On pense qu’il existait une usine de fabrication d’objets identiques,  empilables et très résistants aux chocs. Les Ikéens semblent avoir inventé le Fordisme bien avant le XXème siècle.

 

Objet référencé numéro 38-B / strate inférieure / emplacement A-12

Céramique richement peinte, tricolore (blanche, noire et rose), représentant le Grand Insecte.

Hypothèse : l’objet appartenait probablement à une caste supérieure du fait de la richesse de sa décoration, certainement Noblesse ou Clergé. Il s’agit d’une pièce unique, peinte à la main.

La peinture du Grand Insecte rappelle le mythe de la Grande Chute : le Grand Insecte retirerait la Pierre Noire du Grand Tourbillon, et la cité d’IKEA se trouverait submergée. A la lumière des récentes découvertes sur le site de fouille, il est légitime de se demander si le mythe n’est pas devenu réalité.

 

Objet référencé numéro 456-N / strate supérieure / emplacement J-9

Ensemble de 24 objets en verre réfléchissant, orientés de façon différente.

Hypothèses : il s’agit d’une sculpture-ode pour la divinité Luminis-Frikis.

Les 24 surfaces se répartissent en 3 fois 8 surfaces : 8 pour la chance, 8 pour l’argent, et 8 pour la justice. En fonction de l’inclinaison des surfaces réfléchissantes, les prières sont plus ou moins claires. Ici, les surfaces réfléchissantes « chance » sont orientées vers l’ouest, les « justice » vers le sol, et les « argent » vers le spectateur.